--- REDBULL --- DONNE DES AIILES !!!!
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le deal à ne pas rater :
Carte Fnac+ Jackpot avec 30€ offerts sur le compte fidélité
19.99 €
Voir le deal

Dominique PASQUIER, Lycéens: la culture des pairs

Aller en bas

Dominique PASQUIER, Lycéens: la culture des pairs  Empty Dominique PASQUIER, Lycéens: la culture des pairs

Message  Faustine Lun 24 Oct - 9:34

Article de Martine FOURNIER sur le livre:

« Qu'est-ce qui a changé dans le rapport des jeunes générations à la culture ? », se demande Dominique Pasquier. Cette sociologue des médias s'est penchée sur les pratiques de sociabilité et les activités culturelles d'une soixantaine d'adolescents pris dans trois lycées de la région parisienne. L'un très sélectif du centre de Paris (appelé ici le lycée Boileau), le second, situé en banlieue, recrute surtout des jeunes de milieux populaires, le troisième, sis dans la banlieue sud, établissement mixte d'enseignement général et technologique, propose une mixité sociale forte, accueillant aussi bien (grâce à ses classes préparatoires) des élèves de milieux favorisés que de classes moyennes ou « inférieures », comme disent les sociologues.

Ce choix est important pour comprendre l'intention de l'auteure. Les sociologies de la famille, de l'éducation et de la culture, explique-t-elle d'entrée, montrent le rôle grandissant de la culture de masse dans les sociabilités juvéniles, suggérant ainsi qu'une discontinuité générationnelle, amorcée dans les années 50, est devenue aujourd'hui « un fait social majeur ». A tel point que, comme l'a montré le sociologue de la culture Olivier Donnat, on peut désormais identifier une « culture jeune », au même titre que l'on parle de « culture cultivée » pour désigner les pratiques des diplômés.

La variable « génération » serait-elle alors devenue un facteur explicatif plus puissant que l'origine sociale ou le niveau de diplôme ?

Pour D. Pasquier, à l'heure où la plupart des 15-21 ans sont réunis sur les bancs de l'école, il existe beaucoup plus de points communs entre les jeunes des différents milieux sociaux qu'auparavant : « La cartographie des cultures communes s'élabore aujourd'hui moins sur la base d'un découpage entre l'origine sociale que par l'âge et par le sexe. » D'ailleurs, même les élèves du lycée Boileau associent leurs pratiques cultivées à d'autres, plus populaires, tels Pierre, 16 ans, qui dit se passionner pour la philosophie kantienne et être un fan de mangas, ou Alain, 19 ans, amateur de musique classique et ardent supporter du PSG...

Ces exemples ne sont d'ailleurs pas sans rappeler ceux de Bernard Lahire qui, dans La Culture des individus (2004), suggère un essoufflement du modèle de « la distinction » chez les adultes qui aujourd'hui déploient leurs activités culturelles dans des registres très divers. Les « héritiers », profilés dans les années 60 de manière si convaincante par Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, seraient-ils alors une espèce en voie de disparition ? D. Pasquier va plus loin : tous les constats établis par ces deux sociologues tendraient à devenir obsolètes. Qu'on en juge : les milieux favorisés transmettent à leurs enfants une culture consacrée, disaient-ils. Aujourd'hui, la transmission verticale des parents aux enfants est confrontée à une « culture des pairs », qui circule horizontalement et neutralise les anciennes hiérarchies culturelles. Second constat : l'école faisait office d'instance de légitimation de ces classements culturels. Mais la culture scolaire, maintenant concurrencée par les médias (télé et radio) et par « la société des pairs », a de plus en plus de mal à imposer ses normes. Tous les sociologues de l'éducation le constatent.

Tous les sociologues de l'éducation le constatent.

Enfin, affirme D. Pasquier, la culture de l'élite ne fait plus référence : « Chez les lycéens, la culture dominante n'est pas la culture de la classe dominante mais la culture populaire. » Il resterait alors à vérifier si ce nouveau modèle s'applique aussi aux étudiants d'aujourd'hui...

Quoi qu'il en soit, on pourrait être tenté de se réjouir, en voyant dans ces évolutions l'avènement d'une culture plus démocratique, portée, souligne l'auteure, par des industries culturelles accessibles à tous. Mais ce serait, d'une part, banalement politiquement correct, et d'autre part, aller trop vite en besogne en ignorant le sous-titre de l'ouvrage : « La tyrannie de la majorité » (expression reprise à Hannah Arendt pour décrire les régimes juvéniles de gouvernement). Il serait abusivement optimiste de penser que les identités adolescentes se construisent désormais en toute liberté et en privilégiant l'authenticité. D. Pasquier insiste sur le poids du conformisme des groupes de jeunes et de la pression qu'ils exercent sur les choix individuels. On soigne son look avant de partir au lycée en pensant au regard des autres, on écoute du rap ou du reggae pour aussi signer son appartenance au groupe de ses amis... « On a supprimé l'uniforme en classe mais les jeunes se sont donné entre eux de nouvelles consignes vestimentaires parfaitement rigides ; la ségrégation des sexes a été abolie mais dans la vie scolaire de tous les jours, les échanges entre garçons et filles sont soumis au contrôle constant des groupes ; l'école se montre moins exigeante dans le maniement du français mais la maîtrise de certains codes du langage adolescent est une condition nécessaire pour participer aux interactions autour de soi. Si on ne se comporte pas comme les autres, la sanction n'est plus d'être viré du bahut, mais de ne pas avoir d'amis, ce qui peut être pire à cet âge. »

Tout ce passe, selon l'auteure, comme si de nouveaux clivages avaient remplacé les anciens. Le clivage sexuel, particulièrement, serait en train de se durcir. Une nouvelle hiérarchie s'établirait dans laquelle les garçons affichent dédain et mépris pour les goûts des filles : eux, fervents de sport et de jeux vidéo, elles, davantage attirées par ce que l'auteure avait appelé dans son ouvrage précédent « une culture des sentiments » à travers les romans, les fictions télévisuelles et autres « Star Academy », ou encore les sites de fans sur Internet. Si le modèle masculin paraît tenir le devant de la scène, l'auteure note cependant que les filles, plus tournées sur la sphère de l'intime, de la famille et de petits groupes d'amies proches, y gagnent en authenticité et en liberté de se construire une identité plus personnelle. Ouf !

Faustine

Messages : 21
Date d'inscription : 07/10/2011

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum